Had To Do It

13 September - 25 October 2025

Le titre, HAD TO DO IT, est emprunté à un poème performé par Niki de Saint Phalle, The
Killing Song. Elle y prononce ces mots comme un seuil, une coupure, une délivrance.
À leur tour, Bulle Derouette, Elisa Filomena, Megan Laurent, Myriam Mechita et Anaïs
Oudart s’emparent de cette impulsion vitale pour faire apparaître des oeuvres intimes,
frontales, irrévocables et poétiques. Certaines oeuvres ne s’expliquent pas. Elles surgissent.

Had to do it : Ces quatre mots tracent la ligne de force de cette exposition. Les artistes ne partent pas d’un discours, mais d’un point de bascule. Il ne s’agit pas de représenter le féminin : il s’agit de le traverser, de le faire parler autrement. Le “female gaze” ne se regarde pas. Il transperce. Il insiste.

 

Chez Myriam Mechita, le corps flotte entre fougue et douceur. Ni victime, ni muse, il devient le lieu d’un dérèglement symbolique. L’artiste rejoue les mythes picturaux pour les détourner, les fissurer. Elle n’illustre pas le féminin : elle le met en tension, en révèle les failles et libère l’élan souterrain de puissance.

 

Avec Bulle Derouette, c’est l’allégresse qui s’impose. Non par une joie légère, mais une joie armée : consciente, frontale, construite. Ses figures féminines, pleines, libres, débordent de couleurs comme on rejette l’uniformité. Pop, tendres, insolentes, elles occupent l’espace sans demander la permission. Ses céramiques convoquent un féminin joyeusement irrévérencieux.

 

Megan Laurent travaille sur son propre corps depuis une décennie. Malade, opéré, endolori, elle ne le représente pas : elle l’habite, l’ausculte, le confronte. Ce qu’elle montre, c’est ce qu’on tait : la fatigue qui ronge, la douleur sans témoin, l’injustice des corps qui cèdent trop tôt. Un travail où l’image devient peau, et où créer devient un mode de résistance vitale.

 

Anaïs Oudart donne à voir la présence authentique et essentielle de jeunes femmes aux parcours singuliers. Son regard est tendre, précis, sans fard. Pas de pathos, pas de pose : juste des vies qui s’érigent debout, même quand tout vacille autour. La photographie devient ici une manière de réinscrire les corps dans l’espace social, sans assignation, sans concession.

 

Les figures féminines d’Elisa Filomena ne sont pas là pour séduire. Elles surgissent comme des revenantes, nimbées de silence, de lenteur et de matière. Elle peint comme on veille un souvenir, érigeant un autel à ce qui ne reviendra pas. L’eau incarne le féminin : fluide, insaisissable, vital. La nature devient décor mental, traversée par l’urgence poétique de persister.

Texte de Megan Laurent, curatrice associée de l’exposition HAD TO DO IT avec la Galerie Bessaud.