Avec Silvio Mildonian, la joie réside dans l’évocation des éléments simples qui forgent ses racines. Racines anciennes et arméniennes tout d’abord, avec un motif dont il sonde obsessionnellement les variations : l’abricot. On dit en effet qu’il est le fruit de l’Arménie et l’un de ses symboles forts. Une légende voudrait que Noé, à la descente de l’arche et suite aux inondations ayant frappé la Terre, aurait replanté un
abricotier. Seul cet arbre aurait résisté au cœur de ces sols immergés, le cataclysme ayant tout détruit sur son passage.
La fascination liée à cette solidité est une manière pour l’artiste de matérialiser la force déployée par toute chose vivante pour devenir aussi robuste que cet arbre et résister aux aléas de la vie. Les secondes racines qu’il évoque sont celles de sa région natale, entre Marseille et la Provence. Il les dépeint avec bonheur et un apparent lâcher-prise qui cache pourtant un travail rigoureux de composition. Il procède d’une série de superpositions, d’accumulations, de recadrages, et mobilise un large éventail d’outils et de techniques. Craie grasse, peinture à l’huile, spray, acrylique… : l’artiste mélange les textures et les rendus pour mieux expérimenter de nouvelles approches et “apprivoiser le chaos”, selon ses termes. En résulte une peinture effervescente et exubérante, à la liberté assumée.